Temps frais (13° C) et couvert, venté, mais pas de pluie pour le départ de la 39e édition des 100 km de Millau. Le soleil pointera même son nez plus tard dans la matinée avant le retour d'une pluie fine en soirée. Cette météo très favorable a certainement joué en faveur des coureurs puisque bon nombre d'entre eux ont réalisé de belles perfs, pulvérisant parfois leurs précédents records personnels sur ce très beau mais exigeant parcours. 1609 prétendants (ou déjà) cent-bornards se sont élancés de l'avenue Jean-Jaurès en compagnie de 364 marathoniens qui s'arrêteront après la première boucle de 42 km alors que les autres repartiront pour un long périple vers St-Affrique et retour.
Je croise de bon matin, au Parc de la Victoire, un certain nombre de têtes connues, au milieu de cette foule joyeuse et bigarrée. Un bisou rapide (long eut été mal vu
) à Françoise et Chantal, toutes deux engagées sur le 100 km, de même qu'à Marion qui devra suivre Lionel, meneur d'allure 11 heures ; un salut à Alain venu sans Stéphane, son suiveur habituel. J'aperçois Sylvie Peuch et sa soeur jumelle. Et d'autres encore. 9h30, départ fictif du parc vers l'arche de l'avenue Jean-Jaurès. On a hâte de partir car il fait tout de même frisquet... Mais Chantal m'a dit : "surtout ne pars pas vite !" Bon, je vais écouter l'experte alors...
Et c'est parti ! Direction : les gorges du Tarn. Ca fait bizarre de suivre ce long troupeau de près de 2000 coureurs : nous ne serons jamais seuls, tout au moins sur la première boucle ! 7 km, premier ravito à Aguessac et la foule des suiveurs (pour ceux qui en ont) à vélo, sagement rangés sur le bas côté avant de récupérer leur binôme à pied, nous font une haie d'honneur. Salut Eric (qui attend sa tendre et chère Françoise) ! Surpris de me voir là ? Bah, avec moi, faut s'attendre à tout !
A plus ! Lentement mais sûrement, la route s'élève doucement. Rivière-sur-Tarn, Boyne, Le Rozier... De l'autre côté de la vallée, on aperçoit les premiers déjà sur la route du retour vers Millau. A Peyreleau, après la distance du semi-marathon, on entame donc le retour. Les bosses commencent... Manquait plus que ça ! Jusqu'à La Cresse, c'est une succession de montées et descentes qui font mal aux pattes. Les foulées sont plus courtes, les jambes se raidissent. Peu avant La Cresse, après le 30e kilomètre, le meneur d'allure 11 heures, Lionel, me dépasse. Marion est bien avec lui. A l'entrée du village, le photographe officiel nous attend, on fait l'effort de remplacer une grimace par un sourire... Et puis c'est la longue descente de Paulhe où je traîne de plus en plus la patte (ah oui, le fameux "mur" des 35 km... Si javais pu le contourner celui-là...). A Millau-Plage Susan me dépasse alors que je marche : Ca va Bill ? Non, mal aux jambes ! Merde alors, Chantal ne doit pas être très loin derrière, elle va pas me refaire le coup de Belvès quand même !
Du coup je ravale ma salive et je repars en trottinant. Les 2 derniers kilomètres en ville sont une souffrance et une délivrance à la fois. Et dire que ce n'est même pas la moitié du parcours pour les cent-bornards ! Retour au Parc de la Victoire, derrière montée, fin de la première boucle et arrêt définitif pour les marathoniens. Gigi est là, au pied de l'estrade, venue encourager ses partenaires de club. Les engagés sur le 100 km se restaurent avant de repartir vers de nouvelles aventures. Chantal passera d'ailleurs au point de contrôle une minute après mon arrivée (grande satisfaction pour moi
).
Content d'en avoir terminé. Et admiratif pour ces forçats de la route qui, eux, en sont loin d'avoir achevé leur périple. Comme me l'avait préconisé la grande prétresse marnhacienne, je suis parti sagement : premier 10 km en 55', 20 km en 1h56, 30 km en 3h (le premier marathonien et le premier cent-bornard sont déjà à Millau), et puis après les choses se sont gâtées... 1h30 pour faire 12 bornes
Bah, c'est normal après tout, comment aurais-je pu espérer mieux sans entraînement spécifique ? L'important c'était de terminer pour ne pas paraître ridicule ! Mais revenons-en aux meilleurs qui méritent, eux, toute notre admiration.
Résultats partiels du marathon de Millau 2010 :
1. Frédéric Lastinières en 2h43'33"2. Franck Prost en 3h05'55"
3. Cédric Rebois en 3h06'56"
4. Simon Benoît en 3h11'51"
5. Thierry Moreau en 3h11'59"
1. Eugénie Monteil en 3h25'27"2. Maria Pierre en 3h40'13"
3. Claude Forest en 3h42'14"
4. Christine Mestach en 3h52'07"
5. Sylvie Vialettes en 3h59'30"
Euh, ça c'est un touriste en balade sur les Grands Causses... qui participa accessoirement au marathon (et non aux 100 km) de Millau et qui termina 140e en 4h29'43"
(photo Gaches/Millau)
Passons maintenant aux choses vraiment plus sérieuses avec la mythique course des 100 kilomètres. Au passage au point de contrôle de Millau, au 42e kilomètre donc, c'est l'Aveyronnais de Marcillac licencié à Albi, Régis Lacombe, le vainqueur en 2006, qui passe le premier en 2h57'. 5 minutes derrière lui arrive le Clermontois Eric Trabut, qui effectue là son 2e 100 bornes. Puis, en 3e position non loin derrière, un inconnu au bataillon de Millau, le jeune Alsacien Michael Boch qui, disons le tout de suite, va nous faire un magnifique exploit. Mais on est encore loin de la fin et rien n'est joué. Pour preuve, le 4e au passage du marathon se retrouvera au final 53e... Creissels, la longue côte du viaduc (km 50), la descente vers Saint-Georges-de-Luzençon, puis Saint-Rome-de-Cernon et la fameuse côte de Tiergues (km 60-65) où de nombreux Athéniens s'éteignirent... à commencer par notre Aveyronnais qui s'est fait proprement déposer par le fabuleux Michael remonté comme un ressort et qui n'a pas fait dans le détail. Puis la descente vers Saint-Affrique (km 72) et c'est le retour dans l'autre sens avec à nouveau la côte de Tiergues à rattaquer à l'envers, plus rude de ce côté... avant la longue descente jusqu'à Saint-Georges (km 88), la remontée sous le viaduc (km 93) et enfin le retour à Millau.
Michaël Boch seul en tête au 75 km, dans la redoutable montée de la côte de Tiergues au retour de St-Affrique (photo Gilles Bertrand/VO2 Running Live)
Les poursuivants, Régis Lacombe et Eric Trabut
(photos Gilles Bertrand/VO2 Running Live)
Florence Guillauma (crinière blonde) à la poursuite de Sylvie Boissy
(photos Gilles Bertrand/VO2 Running Live)
Le temps de se relaxer, de prendre une douche, de se restaurer un peu et nous attendons déjà l'arrivée du premier des cent-bornards dans la salle des fêtes du Parc de la Victoire. Le speaker distille les infos en direct : s'il ne craque pas, Michaël, ce jeune gardien de prison de 29 ans, plutôt spécialiste du marathon, qui est en train d'éblouir tout le monde, va réaliser un exploit. A plus de 14 km/h de moyenne, Michaël Boch décroche finalement le Graal après 7h12'59" (15e meilleur chrono de toute l'histoire de la course) - "dans un temps digne de ce que Jean-Marc Bellocq (le "Monsieur 100 km de Millau", toujours détenteur du record de l'épreuve en 6h28') était capable de réussir". Arrivée fabuleuse sur l'estrade de la salle sous un tonnerre d'applaudissements. Le visage radieux de Michaël fait plaisir à voir. A peine fatigué, il s'empare du micro et, mêlant grands sourires et larmes d'émotion (que partagent son frère Thomas qui l'a suivi en vélo pendant ces 100 km, ainsi que son entraîneur Raymond), il se met à parler, à parler, à parler... Fou de joie Michaël !
Ce qu'il vient de réaliser est véritablement éblouissant. Michaël réalise à peine qu'il vient tout juste d'entrer dans la légende de Millau.
"C’est magique, je n’y crois pas. C’est un rêve. Je m’étais fixé 4’30" au kilomètre. J’ai tenu le rythme jusqu’au bout. Dans les côtes, j’étais fort. Et quand je suis revenu sur Régis Lacombe, je suis d’abord resté à ses côtés. Le plus dur, c’était de ne pas s’enflammer. A trente kilomètres de l’arrivée, j’ai dit à mon frère qui me suivait que personne ne reviendrait. En passant sous le viaduc, j’ai ralenti pour ne pas connaître de défaillance. A un moment donné, tu as envie de pleurer. Notamment quand tu remontes toute la ville avec les cyclistes, les enfants. C’était déjà un rêve de participer, alors gagner en battant mon record...".
Pour un coup d’essai, Michaël Boch a réalisé un coup de maître !
Moins de 25 minutes plus tard arrive Régis Lacombe (lui aussi très applaudi, d'autant que c'est un enfant du pays), sans doute un peu déçu, mais qui, très sportif reconnaît la supériorité indéniable du jeune Alsacien cette année. Chapeau messieurs ! Encore 14 minutes, et s'est au tour d'Eric Trabut, qui a conservé sa 3e place, d'en terminer. Le 4e n'est autre que Christophe Morgo, le vainqueur en 2009, qui était encore 6e au pointage du 42e km et qui a effectué une belle remontée rattrapant Ludovic et Christian Dilmi. Seuls 5 coureurs descendent sous les 8 heures. Chaque arrivée qui se succède est un véritable plaisir à voir et à entendre. D'autant que de nombreux coureurs sont très sympathiques envers le public qui le leur rend bien, malgré l'effort et la souffrance qu'ils viennent d'endurer.
En 12e position arrive Emmanuel Fontaine, de l'équipe de France des 24 heures, qui réalise un excellent temps de 8h26'55". Son épouse, Anne-Cécile, championne du monde 2010 des 24 heures à Brive cette année, n'était pas présente car engagée sur le marathon de Berlin ce dimanche 26 septembre, l'un des marathons les plus rapides au monde (40000 participants - pour info, elle a fini en 2h59'39" à la 34e place). Stéphane Collard, le compère de Manu en équipe de France, termine 29e en 8h56'54". Tout ce petit monde se prépare pour la nouvelle saison des 24 heures.
Manu Fontaine et Stéphane Collard sont venus préparer la saison des 24 heures
Notre ami Vincent Gouzerch de Nîmes en terminera en 9h29'24" (55e au scratch) et bat ainsi son record personnel de l'épreuve de plus de 3 minutes.
On attend avec impatience la première féminine. On sait déjà qu'il s'agit de Sylvie Boissy, encore une spécialiste des 24 heures, qui, partie prudemment, a rattrapé Sylvie Peuch, alors en tête à la fin de la première boucle, au-delà du 50e km. Elle l'emporte finalement en 9h05'06" (34e au scratch), soit avec près de 20' d’avance sur la Caussadaise Florence Guillauma (51e au scratch), la copine de Mariam et grande spécialiste du trail, qui nous fait encore une course remarquable après être elle aussi remontée sur Sylvie Peuch. Sylvie Peuch, sans doute un peu courte en entraînement, termine finalement à la 3e place (elle était 4e en haut de la cote de Tiergues). On devrait revoir Sylvie Boissy prochainement aux 24 heures d'Aulnat (où il y aura du beau monde, n'est-ce pas Chantal ?).
Résultats partiels du 100 km de Millau 2010 :
1. Michaël Boch en 7h12'59"2. Régis Lacombe en 7h37'20"
3. Eric Trabut en 7h51'32"
4. Christophe Morgo en 7h54'18"
5. Ludovic Dilmi en 7h57'10"
1. Sylvie Boissy en 9h05'06"2.
1. Florence Guillauma en 9h24'29"
3. Sylvie Peuch en 9h53'34"
Edité le 23.03.2011 : La victoire de Sylvie Boissy sera annulée début 2011 suite à un contrôle positif et c'est donc Florence Guillauma qui sera déclarée vainqueur de l'épreuve !Concernant celles et ceux sur qui nous avions un oeil :
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Chantal Trégou en termine en 11h44', non loin de son objectif, et pulvérise son record (anciennement de 12h30') et comme a son habitude, toujours aussi peu marquée à l'arrivée : chapeau bas ! - je suis sûr qu'elle nous fera un petit CR à sa sauce personnelle (alors comme ça tu as cherché ton sac à St-Affrique ?) ;
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Marion Planques a suivi un long moment la bannière de meneur 11 heures de Lionel avant de décrocher dans la terrible côte de Tiergues et devient cent-bornarde en 12h06' ;
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Susan Serres, sans doute partie un peu vite, finit en 12h08' ;
* la cadurcienne
Marie-Thérèse Salvat finit en 12h37' ;
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Françoise Molter a souffert, mais grâce à son tempérament de battante et aux conseils avisés d'Eric, devient enfin une cent-bornarde (en 16h30') ;
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Alain Pagès a parcouru 60 km avant de s'arrêter, victime d'un problème de santé et ne pouvant plus s'alimenter correctement.
Françoise vient de terminer la première boucle (42 km) et s'apprête à repartir vers la suite des aventures. A la sortie du Parc de la Victoire à Millau, le beau Eric l'attend sur son vélocipède blanc...
L'arrivée triomphale de Chantal aux côtés de sa compagne d'échappée, Murielle Gaillard
A peine arrivée, et Chantal est déjà assaillie par ses amis ADDM !
Allez Alain, pour la 40e édition, tu nous feras un exploit !
Tous les résultats seront disponibles sur le site des 100 km de Millau : www.100kmdemillau.com/
Réactions, interviewes, vidéos sur : http://www.runinlive.com/evenements/ultra-100-km-de-millau-2010.html
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